Que dire après vendredi soir ?
Moi qui suis dans ma petite campagne, bien au chaud, loin des grandes villes, j’ai lu avec sidération les notifications FB “a été signalé en sécurité” de mes amis facebookiens vendredi soir en allumant une dernière fois mon téléphone avant de me glisser dans mon lit.
Je me suis connectée sur les sites d’informations et je me suis pris la réalité en pleine face. Tout de suite, j’ai pensé à mes amis parisiens. Demandé ou lu si tout le monde allait bien. Oui tout le monde allait bien. J’ai eu des relents de ma vie d’avant, celle où j’allais ramasser les accidentés, les drogués, les blessés par balle la nuit, le jour … tout m’est revenu d’un coup, avec violence, moi qui avais mis une certaine distance avec cette ancienne vie.
Et je n’ai pas beaucoup dormi, les questions n’ont pas arrêté de fuser : Que penser de tout cela ? Que dire aux enfants pour qu’ils ne prennent pas ça en pleine figure samedi matin en allant au cours de théâtre ? Oui nous n’avons plus la télé, ça permet de filtrer et de modérer toutes les informations qui arrivent à toute vitesse sans analyse et sans fard.Comment réagir à la haine, à la peur, à l’envie de vengeance ?
Et puis le lendemain, d’autres questions se sont posées à moi :
Comment trouver les mots pour qu’une fois encore ce ne soient pas les mêmes qui soient stigmatisés ? Qu’il n’y ait pas d’amalgame ? Oui pour certains je suis un bisounours de gauche parce que j’ai la bêtise (ou le courage) de penser que ce n’est pas une religion qui a mené à ça. Que ce sont des monstres avides de pouvoir et d’argent qui ont instrumentalisé des hommes et des femmes fragiles, pas nécessairement non intégrés et issus de familles socialement défavorisées (parce que ce serait bien trop simple) pour en faire des armes.
Comment réagir lorsque je lis que c’est encore la filière belge qui est en cause ? Comment réagir lorsque je lis les discours haineux de certains Français qui en arrivent à accuser les Belges de ces attentats ? Comment réagir lorsque je lis les excuses de certains Belges pour cela ?
Alors tout simplement, ce dimanche soir, veille d’un lundi pas comme les autres, j’ai décidé de faire ce que je peux faire de mieux : vivre, rire, partager et aimer, un peu, beaucoup, passionnément, à la folie et sans aucune restriction.
Graffiti anonyme, Butte aux Cailles, Paris 13
(à me relire, je me trouve complètement incohérente mais je laisse tel quel car c’est dans un indescriptible sans dessus dessous que j’ai passé ces derniers jours, mes excuses à ceux et celles qui apprécient ma rigueur et mon esprit critique …. même s’ils ne sont pas légion)
(j’édite pour une xième fois : je partage ce post de blog rien que pour l’image qui est bien plus parlante qu’un beau discours : http://www.klaire.fr/gribouillages/le-piege/ … )