De çi, de là, je vois tous les jours des articles dans la presse parlant de la Grande Guerre, de la nécessité ou pas d’en parler et de la commémorer. Beaucoup de paroles, beaucoup de débats. Tout cela me laissait jusqu’à présent un peu froide, un peu indifférente.
Et puis ça est arrivé : Delit Maille et j’ai ressenti un profond besoin de participer.
Par pour le fun.
Parce que j’ai été désarçonnée par un “mais c’est qui Hitler ?” de ma grande de 7 ans.
Parce que c’est comme ça que commence l’oubli.
Parce que je suis petite fille d’officier qui est parti au front en 1940, sur le Canal Albert.
Parce que je suis petite fille d’un homme qui a décidé de brûler ses papiers, jeter ses ABL pour ne pas se faire prendre et risquer d’être envoyé dans les camps, parce que pour lui la famille, c’était le plus important.
Parce que je suis petite fille de gens qui ont été bombardés deux fois pendant la Guerre, ont vécu l’exode, ont été contacté par la Résistance, ont failli être emmenés par la SS.
Parce que je suis fille d’une mère qui est née handicapée suite à un bombardement à Saint-Nazaire.
Parce que je suis la petite fille qui tous les printemps retournait la vasque à fleur dans le jardin de ses grand-parents, et voyait inscrite au pied de cette vasque “ici sont passés les Allemands – 1916 – E.N.” et qu’à chaque fois, je demandais à mon grand-père de me raconter la guerre.
Parce que tous les jours lorsque je prends la nationale, je vois ces piliers évoquant la “voie de la Liberté” et que tous les jours, même inconsciemment, la bataille des Ardennes se rappelle à moi.
Parce que même sans tout cela je ne peux pas oublier, je ne peux pas laisser oublier que des hommes sont tombés pour la Liberté.
J’ai donc décidé de m’enrôler, quoiqu’on en dise. Pour mes enfants et pour la mémoire.