Vous connaissez certainement les bd de Larcenet ?
Eh bien, vous transposez un peu le dessin à ma vie et vous avez une idée de ce qui me peut me passer par la tête (bon ok, je ne suis pas une angoissée type qui panique totalement en sachant que je vais être mère ^^)
Pourquoi est-ce que je vous dis ça : car non contente de m’essayer au filage, fallait que je fasse le processus jusqu’au bout. Mettre mes mains dans la toison pleine de suint et donc de manière très raisonnable, j’ai acquis un peu de toison (bonne excuse : mon grand faisait son exposé sur la transformation de la laine). Juste un peu (ne jetez pas un oeil entre le mur et le divan … non, non … ne même pas y regarder …).
Je vous fais grâce (déni total de ma part) des photos de toisons et fibres en tout genre acquises depuis que je file … je vais plutôt me pencher sur le traitement d’un bout de toison, c’est plus raisonnable (ce sera un post à rallonge, vous êtes prévenu(e)s !).
Venons en au coeur du sujet. Ce sont les vacances de Pâques et je dois occuper les enfants (surtout main d’oeuvre infantile exploitable à souhait dès qu’il s’agit de faire des trucs sortant de l’ordinaire, gniark gniark).
Tout d’abord : un bout de toison :
Faut pas avoir peur de mettre les mains dans le cambouis : première étape, trier la toison (ce qui est en grosse partie déjà fait ici) donc enlever les parties non exploitables, les débris végétaux, les crottes (eh oui) de la toison. J’ai ici environ 150g de toison non triée non lavée donc encore en suint.
Ici, vous avez le seul enfant exploitable qui papouille de la toison d’alpaga (car tant qu’à faire, trions toutes les toisons).
Revenons à notre mouton : du Gotland (nommé Timinie par Florence des Laines du Mouchon). Le Gotland est un mouton d’origine suédoise avec une fibre longue et lustrée, il est gris, gris clair ou blanc.
J’ai lavé cette toison en la plongeant pendant une heure dans de l’eau tiède additionnée d’un peu de Soak (bon, je vous l’accorde : s’il fallait utiliser de la Soak à chaque fois, ça reviendrait cher … je n’ai juste pas mis la main sur le shampooing bébé qui restait à la maison et je n’ai pas osé utiliser du bois de Panama. Je l’ai ensuite rincée dans plusieurs bains d’eau tiède et lors du dernier bain, j’ai ajouté une lampée de vinaigre.
Une fois sèche, elle a déjà une allure beaucoup plus avenante !
Le lendemain, je peux enfin attaquer le cardage :
Tout d’abord, il faut écharpiller (tirer sur les locks de laine et ensuite séparer les fibres)
Tadam, vous pouvez sortir vos cardes ! (à main pour bien faire … ça fait plus authentique …… je sens que l’investissement dans une carde à rouleaux ne sera pas du luxe) et vous pouvez carder la fibre : tout d’abord caresser votre nuage de fibre sur une carde pour l’installer confortablement avant la scéance d’acupuncture. Ensuite vous la peignez comme si vous peigniez vos cheveux (en douceur, en posant le bout de la carde sur l’autre et en tirant doucement).
Si la fibre ne vous semble pas suffisamment douce, vous pouvez recommencer le processus (vous ne transformerez pas de l’islandais en merinos, ne vous faites pas d’illusions quand même !)
Ensuite youpie les rolags (attention les doigs)
Ah c’est marrant, ces petits rouleaux tout doux …. eh bien maintenant il faut recommencer (environ 25 fois pour 65-70g de fibre … oui oui …. au boulot !)
Aaaaah, maintenant, il devient possible de filer …. et c’est là que les Romains s’empoignèrent. Car j’ai décidé de me lancer dans une nouvelle technique : le longdraw (étirer la fibre sur toute l’amplitude du bras avant de laisser la torsion entrer de manière à emprisonner de l’air entre les fibres). Cela donne un fil filé woolen (contraintement au shortdraw qui donne un fil filé worsted, ce que j’ai fait jusqu’à présent).
Et voici les quelques grammes filés en woolen, foulés lors du bain final (passage au chaud et au froid alternativement pour légèrement feutrer la laine et lui donner un aspect très aérien).
J’obtiens environ 125 m. Je ne sais pas encore si je la teins ou pas ….
Et maintenant que vais-je faire de cela ?